BYD relance son implantation en Europe. Après des débuts timides, l’entreprise revoit sa stratégie, multiplie les recrutements locaux et prépare une offre hybride mieux adaptée aux habitudes des automobilistes européens.

©RKY Photo / Shutterstock
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BYD remet quelques sous dans la machine européenne. Après une première tentative peu convaincante, le constructeur chinois ajuste son approche. L’année 2024 s’est terminée sur une part de marché modeste, loin des projections de départ.

Pour éviter que l’Europe reste une promesse non tenue, le groupe a revu ses priorités : nouveaux modèles hybrides, réseau de distribution étoffé, arrivée de profils expérimentés issus de la concurrence. Depuis le début de l’année, les ventes repartent franchement à la hausse. Le pari n’est pas encore gagné, mais le cap a changé.

BYD entend bien corriger les erreurs de son lancement en Europe

Dès le départ, plusieurs coups de freins ont ralenti la progression de BYD. Le groupe a abordé l’Europe avec une offre exclusivement électrique, sans prendre en compte les habitudes de certains marchés. Dans plusieurs pays, le 100 % électrique peine encore à convaincre. Le choix de ne proposer aucune version hybride a réduit le public potentiel.

Alfredo Altavilla, conseiller spécial du président de BYD, a confirmé ce diagnostic. Il a déclaré à Reuters qu’il fallait proposer chaque modèle en deux versions : électrique et hybride. En Europe, la transition écologique passe encore souvent par une étape intermédiaire.

Le réseau de distribution a aussi posé problème. L’entreprise avait implanté ses concessions dans les grandes métropoles, mais sans maillage suffisant dans les zones périphériques. En Allemagne, seulement 27 concessions couvraient le pays en 2024. Davino, ancienne cadre de Stellantis aujourd’hui en poste chez BYD, a annoncé un objectif de 120 points de vente. Elle pilote désormais les opérations sur ce marché.

Un ancien dirigeant du groupe l’a résumé autrement. Pour lui, BYD a traité l’Europe comme un marché unifié, sans tenir compte des spécificités nationales. L’image utilisée parle d’elle-même : « Ce sont des grenouilles dans une casserole. Chacune saute dans une direction différente ».

Le manque de personnel expérimenté localement a pesé. Pour accélérer l’adaptation, plusieurs cadres européens ont été recrutés. Maria Grazia Davino en Allemagne, Alessandro Grosso en Italie, Alberto De Aza en Espagne. Tous viennent de Stellantis. Selon une source interne, ils ont reçu de fortes incitations à rejoindre le projet. « Ce ne sont pas des gens que nous étions heureux de perdre », a confié un responsable du groupe concurrent.

BYD a volé la vedette à Tesla en 2024 en CA - © JRdes / Shutterstock
BYD a volé la vedette à Tesla en 2024 en CA - © JRdes / Shutterstock

Malgré un démarrage en demi-teinte, BYD investit lourdement pour s’installer durablement en Europe

La relance ne s’est pas faite attendre. Dès le premier trimestre 2025, BYD a multiplié par plus de trois ses ventes en Europe. En un an, le constructeur est passé de 8 500 à plus de 37 000 véhicules écoulés. Ces chiffres restent encore modestes, mais ils montrent que le redémarrage porte ses premiers effets.

Un changement de direction a accompagné cette nouvelle phase. Stella Li, une cadre interne du groupe, a pris la tête de la région Europe. Elle a remplacé Michael Shu, qui avait annoncé une ambition forte pour 2024 : atteindre 5 % de parts de marché. L’entreprise n’a pas dépassé 2,8 %. Mais la dynamique s’est inversée, et la stratégie a changé.

L’usine en construction en Hongrie jouera un rôle central dans les mois à venir. Elle devrait démarrer sa production avant la fin de l’année. L’objectif est clair : produire localement pour accélérer les livraisons et réduire les coûts logistiques. Cette implantation renforce la présence industrielle de BYD en Europe.

Lors du salon de Shanghai, le constructeur a présenté une gamme large, répartie sur quatre marques. Parmi elles, des modèles d’entrée de gamme mais aussi des véhicules plus haut de gamme. Le Yangwang U8L, un SUV trois rangées, figure parmi les nouveautés destinées aux marchés les plus exigeants.

Le vocabulaire employé a lui aussi évolué. En Allemagne, BYD utilisait jusqu’ici l’acronyme chinois « NEV » pour désigner les modèles hybrides et électriques. Un terme familier en Chine, mais sans résonance locale. L’erreur a été identifiée, et la communication a été ajustée.

Tim Albertsen, directeur général du loueur Ayvens, qui travaille avec BYD, a résumé la situation actuelle. « Ils prennent cela très au sérieux, mais ils doivent comprendre que se construire une position en Europe prend du temps ». Charge au constructeur chinois de prendre son mal en patience.

Source : Reuters (accès payant)